Glaciale apocalypse
Recoupant d’antiques prophéties et des données
scientifiques de pointe, Franx a prévu la fin du
monde, convaincu des amis de s’organiser et fortifié
une ferme dans le Périgord, le Feu de Dieu. Mais
quelques années ont disloqué la communauté et
Franx, obligé de se rendre à Paris, quitte pour
quelques jours le refuge. C’est ce moment que choisit
le déluge pour s’abattre. En quelques heures, des
tremblements de terre et des éruptions volcaniques
sur toute la surface du globe désintègrent les villes et
projettent dans l’atmosphère des nuages de cendre.
La planète, privée de soleil pour des années, entre
dans une nouvelle ère glaciaire. Franx, accompagné
d’une gamine muette dotée d’étranges pouvoirs, va
tenter de rejoindre le Feu de Dieu. Sa femme et ses
deux enfants, restés seuls au refuge avec un dangereux
parasite, vont essayer de survivre.
Au cours du voyage de Franx, comme dans la réclusion
terrifiée de sa petite famille, Pierre Bordage nous
donne à voir la fragilité du vernis de civilisation et la
métamorphose implacable de l’homme en animal prédateur.
Franx savait que les hommes ne tarderaient
pas à s’entre-tuer. Il découvrira bien pire et sa survie
ne sera pas seule en cause : son humanité sera interrogée
à chaque détour de chemin, comme celle de sa
famille, aux prises avec la tentation du meurtre et du
repli sur soi. On pense à la lecture de ce roman à La
route de Cormac McCarthy, ou au Royaume Désuni de
James Lovegrove. Il semble qu’une certaine littérature
redevienne friande d’horizons catastrophiques : nos
inquiétudes écologiques et économiques y trouvent
un troublant écho, mais aussi des idées pour ne pas
désespérer du genre humain.