"Le Feu de Dieu"
Pierre Bordage
(Diable Vauvert- 2009)

Glaciale apocalypse

Recoupant d’antiques prophéties et des données scientifiques de pointe, Franx a prévu la fin du monde, convaincu des amis de s’organiser et fortifié une ferme dans le Périgord, le Feu de Dieu. Mais quelques années ont disloqué la communauté et Franx, obligé de se rendre à Paris, quitte pour quelques jours le refuge. C’est ce moment que choisit le déluge pour s’abattre. En quelques heures, des tremblements de terre et des éruptions volcaniques sur toute la surface du globe désintègrent les villes et projettent dans l’atmosphère des nuages de cendre. La planète, privée de soleil pour des années, entre dans une nouvelle ère glaciaire. Franx, accompagné d’une gamine muette dotée d’étranges pouvoirs, va tenter de rejoindre le Feu de Dieu. Sa femme et ses deux enfants, restés seuls au refuge avec un dangereux parasite, vont essayer de survivre.

Au cours du voyage de Franx, comme dans la réclusion terrifiée de sa petite famille, Pierre Bordage nous donne à voir la fragilité du vernis de civilisation et la métamorphose implacable de l’homme en animal prédateur. Franx savait que les hommes ne tarderaient pas à s’entre-tuer. Il découvrira bien pire et sa survie ne sera pas seule en cause : son humanité sera interrogée à chaque détour de chemin, comme celle de sa famille, aux prises avec la tentation du meurtre et du repli sur soi. On pense à la lecture de ce roman à La route de Cormac McCarthy, ou au Royaume Désuni de James Lovegrove. Il semble qu’une certaine littérature redevienne friande d’horizons catastrophiques : nos inquiétudes écologiques et économiques y trouvent un troublant écho, mais aussi des idées pour ne pas désespérer du genre humain.
J-B.D.

article paru dans le Républicain Lorrain le 05 avril 2009
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