"La lignée"
Guillermo del Toro et Chuck Hogan
(Presses de la Cité - 2009)

Autopsie du vampire

Tout commence à New York, aéroport international JFK. Un Boeing 777 en provenance d'Europe vient d'atterir, passagers et équipage sont tous morts, sans trace de violence apparente, et un vieux cercueil de bois trône dans la soute à bagages. Plus tard, les centaines de cadavres de l'avion disparaissent des morgues où on les avait remisés. Une horrible épidémie se propage qui voit la population de Manhattan contaminée en quelques nuits. Deux médecins épidémiologistes, un vieux prêteur sur gage et un dératiseur se liguent contre la catastrophe en gestation. Mais que peuvent quatre personnes isolées contre la fin annoncée de l'humanité?

"Il n'est pas question de vampires séduisants à la Brad Pitt, ces amants décadents à la sexualité affichée" déclare Guillermo del Toro à propos de son roman "La Lignée", évènement de la rentrée littéraire aux Presses de la Cité. Les vampires sont à la mode.Un sous-genre leur est même consacré : la "bit-lit" (de "to bite", verbe anglais signifiant "mordre"), une sorte de littérature populaire dégoulinante de romantisme pour adolescentes en émoi. En s'associant avec Chuck Hogan pour le premier roman d'une trilogie vampirique écrite à quatre mains, le réalisateur du célèbre "Labyrinthe de Pan" entend au contraire de cette mode revenir aux souces de la légende sanglante. S'inspirant du mythe du "strigoï", le vampire roumain, "La Lignée" est à la fois un classique récit d'horreur et une autopsie moderne du monstre le plus populaire de la littérature fantastique. Toute l'originalité de la démarche tient dans une interprétation positiviste de la superstition : le vampire considéré comme un virus et la description médico-légale du phénomène ancrent nos terreurs ancestrales dans le substrats de nos épouvantes contemporaines. Un cauchemar dont on attend la suite avec impatience.


J-B.D.

article à paraître dans le Républicain Lorrain