"Le rêve de Galilée"
Kim Stanley Robinson
(Presses de la Cité - 2011)

Et pourtant elle tourne !

En 1633, le savant italien Galilée entre dans l'histoire des sciences lorsqu'il est contraint par l'Inquisition d'abjurer sa foi en la théorie copernicienne qui veut que la Terre tourne autour du Soleil. "E pur si muove!" ("Et pourtant elle tourne") : la légende lui prête cette protestation grommelée qui symbolisera son statut de martyr de la science. Cette tragique aventure commence en 1609, lorsque Galileo Galilei perfectionne une invention récente, la lunette d'approche, pour en faire ce qui deviendra le téléscope.
Se saisissant de cette histoire, Kim Stanley Robinson propose dans on roman "Le rêve de Galilée" une étrange idée : et si un voyageur du futur, venu du quatrième millénaire, avait inspiré au savant son invention? Entre biographie scrupuleusement historique et voyage dans le temps fantaisiste, ce dispositif romanesque permet de multiplier les points de vue sur la figure galiléenne. On est ainsi convié, entre autres, à une mise en perspective du rapport entre science et religion, ainsi qu'à une originale critique féministe du comportement familial de Galilée et de son époque.
La partie proprement SF du roman (un tiers du volume) est plutôt déroutante. Galilée voyage dans le temps et assiste au premier contact des humains du futur avec une un entité intelligente étrangère, nichée au fond de l'océan d'Europe, satellite de Jupiter. Il est au passage confronté au développement d'une théorie sur la nature du temps et de l'univers, et à la découverte des enjeux d'une rencontre du troisième type. Un roman inclassable, foisonnant et passionnant, mais dont les propos multiples déconcertent un peu !

J-B.D.

article paru dans le Républicain Lorrain, le 08 janvier 2012
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