Collection Dyschroniques au Passager Clandestin
(Le Passager Clandestin - 2013)

Collection militante

Un logic est un écran de télévision doté d'un clavier de machine à écrire. Grâce à lui, chaque foyer peut accéder à son compte en banque, regarder des émissions choisies, connaitre la météo du jour et consulter diverses "banques mémorielles". C'est ainsi qu'en 1946, Murray Leinster accomplit le prodige d'inventer l’ordinateur personnel connecté à un réseau, dans la nouvelle "Un logique nommé Joe". La justesse de l'anticipation ne s'arrête pas là. Imaginant qu'un "logique" se met à faire du zèle, l'auteur prévoit toutes les dérives qui aujourd'hui pourrissent l'Internet. Irruption dans l'intimité, accès à des recettes pour fabriquer des bombes, piratage des institutions, les "logiques" de Leinster favorisent les pires tendances de l'homme et répandent le chaos.
"Un logique nommé Joe" inaugure avec trois autres textes courts la collection Dyschroniques du Passager Clandestin, éditeur spécialisé ... dans la critique sociale! Le directeur de collection Philippe Lécuyer explique cette incongruité par le "potentiel de critique et d’analyse des fonctionnements sociaux de notre présent" des textes choisis. On trouve ainsi Brian Aldiss sur le thème des grands immeubles concentrant la population et les problèmes, Philippe Curval avec une histoire de bébés qui font tout pour mourir plus vite, et Mark Reynolds pour une vision guerrière de l'affrontement entre multinationales. Que l'on adhère ou non au positionnement très à gauche de l'éditeur, on ne peut que saluer une initiative qui restitue à la SF toute la puissance de sa parole sur le réel et démontre comment certains de ses textes savent si bien décrypter le présent.

J-B.D.

article paru dans le Républicain Lorrain, le 14 avril 2013
voir la page